« C’est du fruit de sa bouche que l’homme rassasie son corps. C’est du produit de ses lèvres qu’il se rassasie.
La mort et la vie sont dans la main de la langue. Celui qui l’aime en mangera les fruits. »
Salomon
Ce n’est pas seulement le pain qui est la source de vie, mais aussi le langage, la manière dont nous disons le monde. Le choix des mots, la douceur du ton, la beauté du rythme. Bref, tout ce qui fait ce que nous appelons une langue.
Les grammaires dans leur boulimie de subjonctifs, de futurs, d’optatifs et d’imaginaires non finis, permirent à chaque peuple et aux individus de tous les peuples d’élaborer au plus profond d’eux mêmes et dans chaque langue de manière différente la possibilité du récit et de la fiction, de faire naître de la fantaisie et de l’originalité, de créer une mythologie de l’espoir, de l’illusion consolante, sans lesquelles, l’espèce humaine, n’aurait pas dépassé le comportement des primates et se serait depuis longtemps supprimé.
George Steiner dans « Après Babel «
Dans chaque époque, les prophètes et les poètes sont les veilleurs de langue. Ces femmes et ces hommes qui restent vigilants à ce que la langue, les langues continue de nous apporter, comme dit le texte des proverbes « Ce produit de nos lèvres et ces fruits de notre bouche qui peuvent nous rassasier. »
Marc-Alain Ouaknin