L’homme est un arbre qui marche.
Lorsque je t’ai rencontré, j’étais un arbre qui courait dans le vent sans même savoir qu’il cherchait ses racines.
Un arbre marxiste plein de réponses théoriques qui attendait sa question.
Un arbre nourri d’une sève trop sèche pour verdoyer et s’imaginer un ancrage.
Un arbre incapable de rester en place et qui changeait de trottoir à la vue du moindre policier.
Un arbre sous tension perpétuelle face à n’importe quel appareil administratif ou bureaucratique.
Mais tu es venue.
Ton amour en bouture a irrigué mon bois et nous avons fleuri de la même sève et du même sang.
La vie est repartie et j’ai compris que mes questions seraient ma seule réponse.
Inlassablement j’ai sculpté la vie: l’enfance, la joie, l’amour, les corps heureux, épanouis.
Inlassablement j’ai dit oui.
Shelomo Selinger « Nuit et Lumière »