Toujours il y a une vieille mémoire qui remue en nous
quelque chose qui chante de l’autre côté, ou qui appelle, ou qui hante.
De l’autre côté de quoi on ne sait pas très bien.
Toujours il y a un vieil Inconnu qui nous habite et nous tire,
et qui semble si vieux, et si proche,
comme un inconnu qui serait quand même connu,
qui serait nous-mêmes et plus que nous,
comme un enfant perdu qui ne s’y retrouve plus
Et ça tire vers quoi, on ne sait pas, on ne sait plus
et pourtant c’est comme si on avait toujours su.
C’est un pays, là-bas, où l’on avait couru, joué, toujours joué,
un grand espace ensoleillé qui nous habite quand même
entre nos quatre murs et nos complets-vestons si étriqués
Il y a une vieille musique qui s’obstine,
un vieil oiseau sauvage jamais attrapé
qui bat quand même des ailes dans notre cage.
Satprem « La clé des contes »
Photo © Sergio Larrain